Paul Carrot fut parmi les premiers stagiaires de César Geoffray.
Chef de chœur de La Psalette de Lorraine, il fut aussi responsable de la Région Lorraine À Cœur Joie.
Avec son épouse Claude (décédée il y a quelques années), ils se sont installés à Paris pour raisons professionnelles. Chef de chœur de La Cantilène de Paris, Claude fut responsable nationale de la branche Cantilènes.
Dans l’histoire du Mouvement À Cœur Joie, plusieurs Psalettes furent créées :
- La Psalette de Lyon (César Geoffray)
- La Psalette du Maroc (Marcel Corneloup)
- La Psalette de Genève (Pierre Pernoud)
- La Psalette de Tours (Jean Turellier)
- La Psalette de Lorraine (Paul Carrot)
- La Psalette de Bruxelles (Franz Castin)
Une première réalité de ce qui allait devenir À Cœur Joie International.
André Dumont, Président d’honneur
Le 10 février 1964, Paul et Claude Carrot, et leur chorale (La Psalette de Lorraine) sont venus à Namur, reçus par la « Marlagne » et son chef Georges David, pour donner un concert à Salzinnes.
Ils ont interprété des chants populaires et spirituels, des chants d’amour de la Renaissance et ont terminé par une époustouflante « Bataille de Marignan » mêlant défaite et victoire, aussi jubilatoires l’une que l’autre, laissant pantois d’admiration tous les jeunes choristes que nous étions à l’époque !
Ce groupe choral exceptionnel offrait la musique et la joie d’un seul jet, éclaboussant de vie et d’amitié tous ceux qui les écoutaient.
La direction de Paul était impressionnante d’efficacité, d’élégance et de sobriété, tandis que la voix de Claude soutenait les sopranos de son timbre clair et chaud.
Ce concert fut le départ d’une longue et fidèle amitié qui nous a rassemblés à plusieurs reprises en France et en Belgique, Paul, Claude, Ferdi, moi et de nombreux amis.
César Geoffray avait rapidement repéré ce couple rayonnant qui incarnait les riches semences du mouvement À Cœur Joie, par leurs valeurs humaine et musicale, et c’est tout naturellement qu’en 1958 , avec quelques fervents de la région de Forbach en Moselle, tous anciens chefs de chœur des premières chorales ACJ de Lyon, Douai, St Etienne et Lens, rejoints sans tarder par d’autres de Metz, Strasbourg, Nancy, Sarrebrück et Luxembourg, est né un ensemble vocal de choristes amateurs, « La Psalette de Lorraine », européen avant la lettre, qui, sous la direction de Paul, qui a 28 ans à l’époque, devient un des fleurons les plus significatifs du mouvement ACJ, par sa qualité, sa musicalité, son ouverture, sa diversité et sa présence sur tous les fronts musicaux et culturels.
Paul est issu d’une famille de 6 enfants, 5 garçons et une fille.
Il ne manquait jamais d’ambiance chez les Carrot, mais on y travaillait sérieusement.
Devenu ingénieur des mines, Paul assoit tout naturellement son autorité sur son intelligence, sa connaissance du matériau et du terrain, sa compétence nourrie d’expérience , de savoir et surtout de présence chaleureuse auprès de « ses hommes » et collaborateurs. Il connaît « le fond » aussi bien que les ouvriers mineurs avec lesquels il partage fréquemment la poussière, la sueur, le danger et la sombre réalité du travail de la mine.
Cette « autorité » infiniment bienveillante sera aussi celle du chef de chœur, musicien complet, inspiré, créatif mais aussi fédérateur, disponible, toujours souriant, accueillant, encourageant, doté d’un humour irrésistible et d’un extraordinaire talent de conteur, dont les récits régalaient une assistance toujours conquise.
Avec sa femme, Claude, qui a été responsable nationale des « Cantilènes », ils ont conçu leur vie familiale, sociale, culturelle, musicale, sur la base d’un amour rayonnant avec lequel ils ont traversé les joies et les peines, solidement, sereinement, intensément…Ils ont fait face courageusement à la mort de leur fils Philippe, tandis que leurs deux filles, Véronique et Isabelle, ne cessent de porter et faire rayonner le lumineux héritage humain, musical, artistique, de leurs parents..
Et quand la merveilleuse voix de Claude s’est éteinte, il y a quelques années, Paul a continué à vivre vaillamment, pareil à lui-même, fort de sa fidélité et de son amour, intacts et radieux.
Le souvenir de Paul, dont les portes et le cœur sont toujours restés grands ouverts, prolongera, auprès de ceux qui l’ont connu, la grandeur, la bonté, la valeur, la musique d’un homme engagé, dont le sourire et la simplicité envahissaient irrésistiblement le silence, la distance ou l’absence, pour y installer l’amour et la beauté.
Suzanne Boonen-Moreau